ностальгия


Saison 1




Ses cheveux blonds entremêlés sur son coussin, Maria fixait le plafond de sa chambre. Son regard bleu-gris se perdait sur les moulures au plafond, se baladant d’un coin à l’autre, remarquant une vague fissure ici et une tâche de peinture par là.
Tout lui parut étrange : rien ne lui appartenait dans cette chambre. Elle ne reconnaissait rien. Son cœur se creusa.

Tandis qu’elle portait son regard aux fenêtres, elle sentit un pincement : pas de neige, pas de plaines, pas de chiens.

Après quelques minutes mélancoliques, elle comprit : elle avait le mal du pays. Rien n’était assez beau, rien n’était assez bien, rien n’était aussi bon qu’à St Pétersbourg. Elle se revoyait, baladant dans la forêt de sa propriété, tenant Solnyshko par le licol. La brume du matin, le froid qui lui fouettait les joues et le soleil qui ne se couchait jamais vraiment. Une beauté du paysage qu’elle peinait à retrouver ici : avec un temps maussade ou à peine ensoleillé.

Pourtant, Londres n’était pas une ville misérable, elle le savait. C’était un privilège, et beaucoup de nobles russes l’envieraient à son retour. Peut-être avait-elle trop fantasmé l’Angleterre ? Peut-être qu’elle était déçue à force de passer en boucle son bal de débutante dans sa tête ? Quoiqu’il en soit, la réalité l’avait bien rattrapée. Rien ne semblait pouvoir alléger son cœur ce soir, tandis qu’elle fixait les rues pavées de Londres depuis sa fenêtre.

Le lendemain, sa gouvernante la trouva par terre, contre le lit, en face de la fenêtre. Elle s’était endormie en regardant les lampadaires. Un peu gênée, Maria préféra éluder toute question, s’époussetant avant d’intimer à ce que l’on prépare.

La matinée passa sans encombre, Mikhaïl était, comme à son habitude, complètement endormi et probablement en gueule de bois (même si Maria ne savait pas ce que c’était). Mais dès le midi, il fut immédiatement requinqué. Courant partout, et donnant dynamiquement des ordres pour se donner des grands airs (elle roula des yeux), il lui rappela son rendez-vous avec Lord Murray, dans le but de découvrir la ville. Elle ne l’avait pas oublié, bien entendu, mais elle ne pensait pas que cela arriverait aussi vite. Après son bal de débutante, tout fut quelque peu précipité : aussi ne fallait-il pas attendre plus de 3 jours pour qu'elle retrouve son cavalier dans sa salle à manger, en train de partager le dîner. Non pas qu’elle déteste sa compagnie, loin de là, mais sortir lui demandait toujours un effort certain, surtout lorsqu’il fallait entretenir une conversation. Bien évidemment, Maria n’avait rien mangé, car elle était trop mélancolique pour cela; mais personne ne le remarqua, car elle ne mangeait jamais vraiment beaucoup.

Tandis que l’on ajustait les derniers préparatifs à Maria pour sortir, Mikhaïl arpentait la pièce de long en large. Récitant l’historique de Lord Murray, ainsi que d’autres frivolités sur comment se comporter avec un homme, Maria le confondit presque avec un vieux sénile qui répétait les mêmes choses en boucle.

“Pour l’amour du Ciel Mikhaïl, je sais très bien qui je fréquente.” Dit-elle, agacée. Désarçonné, il répliqua, aboutissant à une dispute dont seuls les enfants Chtcherbatov savaient faire preuve.

Le silence vint, comme à son habitude. Ce n’était pas comme si Maria pouvait lui tenir tête trop longtemps, de toute manière. Impassible, -quoique ses yeux plissés disaient le contraire-, elle s’admira dans le miroir, tandis que l’on vint lui annoncer la venue de Lord Murray. Un dernier coup d'oeil pour vérifier que sa gouvernante était bien là, puis, elle quitta la pièce.



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