Le bal a pris fin et le retour à la maison fut calme, l’excitation et l’effet de la soirée retombée. La fatigue des jours de voyages enveloppe Tobias qui reste bien silencieux durant le retour à la maison. Une fois arrivé, il va directement dans la chambre qu’on lui a attribué et s’endort à peine une minute après que son lit est touché l’oreiller.

Le lendemain matin, contrairement à ce qu’il espérait, il ne fit pas de grasse matinée. Au petit matin, les rues de Londres s’agitent à nouveau part les livreurs, les calèches et réveille le beau brun. Il va lui falloir un petit temps d’adaptation, mais il ne s’inquiète pas pour ça.

Il se lève et prend un bain avant de descendre. La vie à Londres est si agitée et il l’avait presque oublié dans le confort réconfortant de leur demeure de la campagne. Quand il entre dans la salle à manger, il n’y a personne encore, ni sa tante, ni sa sœur. Il se place donc, alors qu’un valet lui apporte le journal du matin. Il le remercie et commence à lire.

La présentation à la reine et le bal des débutantes avaient formé une journée épuisante pour Tamesine-Rose, autant physiquement que moralement. La demoiselle, qui n'avait connu que le calme du domaine campagnard, avait été mise à rude épreuve. Et pourtant, lorsqu'ils étaient rentré chez lady Cavendish, il lui fallut un moment avant de trouver le sommeil. Elle s'était tournée et retournée dans son lit, ressassant tous les éléments de la journée passée. Sûrement, les autres débutantes faisaient de même, le sourire aux lèvres en se remémorant une danse avec un gentilhomme, ou l'approbation de la reine lors de leur présentation, mais la tourmentée Tamesine ne pouvait s'empêcher de se demander si elle n'avait pas totalement raté sa présentation.

Et même si la Reine l'avait remarquée, et qu'elle avait eu plusieurs propositions de danses, elle avait peur de ne pas avoir été à la hauteur. Il faut dire que le silence de sa tante sur le chemin du retour ne l'avait pas aidée. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pensait. Elle aurait aimé un petit mot de félicitations, un sourire encourageant, mais la vieille femme était restée fidèle à elle-même : impassible.

Elle s'était endormie sans vraiment s'en rendre compte, glissant dans un sommeil encore agité de danses et de regards posés sur elle. Finalement, elle fut réveillée par sa cheville qui la lâchait, à quelques mètres de la Reine. Dans un sursaut, elle ouvrit les yeux. Les draps frais et confortables la remirent dans la réalité, même s'il lui fallut quelques instants pour réaliser qu'il ne s'agissait que d'un cauchemar. Son esprit lui jouait encore des tours.

Incapable de se rendormir, le soleil perçant à travers les rideaux, elle finit par se lever, et fit appeler la dame de chambre afin de se préparer pour la journée. Lady Cavendish avait sûrement prévu un emploi du temps serré, comme à son habitude. Tamesine aurait aimé une journée calme et reposante, mais elle était bien au fait que cela ne serait plus d'actualité avant un petit moment.

À sa surprise, quand elle descendit, il n'y avait que son frère, assis seul dans la salle à manger, le journal du jour entre les mains. Tamesine s'étonna de le voir levé si tôt, et surtout de ne pas voir leur tante à ses côtés.

"Vous êtes bien matinal, mon frère. Avez-vous bien dormi ?" le salua-t-elle dans un sourire malicieux, prenant place à ses côtés. "Qu'elles sont les nouvelles du jour ?" Elle désigna le journal du regard.

Il entends des pas se rapprocher, les pas de sa sœur qu’il reconnaitrait entre milles. Il ne baisse pas le journal, pourtant, il ne le lit plus. Il attend qu’elle passe la porte et ouvre la bouche. Un peu comme leur père le faisait. Quand le doux son de sa sœur se fait entendre, il sourit, caché derrière le journal.

Londres te rend pompeuse même dans l’intimité Tame-Tame ? Cela me brise mon petit cœur.

Il baisse son journal pour la regarder avec un air de chien battu et une main sur le cœur. A la maison, ils se tutoyaient, mais devant la bonne société le « vous » était une obligation. Tobias se redresse dans son siège pour s’installer plus confortablement et se tenir droit. Leur tante risquait de venir d’un moment à l’autre et je doute qu’elle apprécie qu’il prenne ses aises, même s’il était charmant.

L’agitation de Londres me rend matinale et rien d’intéressant dans le journal, un cheval qui s’est perdu. En vrai, je profite que mère ne soit pas là pour faire les mots croisés. Cette belle liberté !

Il fallait savoir jouir des petites choses simples de la vie et des circonstances. C’était souvent ce qu’il disait. Son assiette était encore vide et il commence donc à la remplir de bonne chose, un toast et du bacon pour commencer. Tobias ne voulait pas trop manger, car il espérait que les prétendants de sa sœur apportent des présents gouteux. Autant que lui aussi en profite.

Alors raconte-moi, il parait que la reine a eu une bonne impression de toi. C’est super !