Rencontre au musée


novembre saison 1 - Feat @Amelia Weeler



Ce devait être la première fois depuis son arrivée à Londres que Cecil voyait le ciel bleu. Un soleil timide brillait au dessus de la ville, malgré le froid toujours piquant. Cela avait donné l'envie au baron d'Aberdale d'en découvrir un peu plus sur la capitale Anglaise. Lui qui avait alterné entre soirées mondaines et beuveries dans les pubs des quartiers plus modestes, il n'avait pas encore vraiment pris le temps de visiter. Cela aurait sûrement été plus simple avec un guide, mais Cecil n'avait pas d'ami ou, tout du moins, de connaissance apte à lui faire découvrir Londres. Tant pis, il le ferait seul et errerait dans les différents quartiers, peut être cela lui apporterait-il quelque belle surprise. 
 
Il était parti tôt, emmitouflé dans son manteau et caché sous son chapeau, afin de braver la brise mordante. Son petit carnet de croquis dans la poche, celui qui ne le quittait jamais, il avait arpenté les rues, s'était arrêté dans un ou deux parcs, et avait pris quelques instants pour dessiner deux ou trois endroits qui l'avaient intrigué. Finalement, la solitude lui plaisait bien, il allait où bon lui semblait, et personne ne gâchait sa quiétude. C'était un instant un peu suspendu dans le temps pour lui. 
 
Depuis son arrivée ici, il essayait d'éviter les soucis comme les gouttes d'une averse. Il n'avait pas encore de logement fixe, mais arrivait plus ou moins à se débrouiller. Tant qu'il lui restait l'alcool, le jeu et les femmes, il lui semblait que tout allait bien. C'était une façade bien peu solide, mais elle lui suffisait. Il était bien au courant qu'il lui faudrait un jour changer d'attitude, mais il n'était pas prêt. Son ancienne vie parisienne lui manquait encore énormément, et il espérait encore un jour pouvoir la retrouver. 
 
Perdu dans ses pensées, il était arrivé devant le musée zoologique. Tiens, un peu d’anatomie, pensa-t-il en franchissant les portes. Lui qui était si fasciné par le corps humain, cela lui plaisait de pouvoir passer quelques instants à étudier celui des animaux en tout genre. Il prit le temps de faire le tour du bâtiment, regardant avec attention les squelettes et expositions. Finalement, il finit par s’asseoir sur un petit banc face au modèle d’un lion, et en commença le croquis.
 
Mais finalement, son œil fut attiré par un tout autre modèle. Une jeune demoiselle aux cheveux bruns et au regard sombre. Un port altier, une démarche douce, tout en elle attira l’attention de Cecil Pettyjohn. Rapidement, il chercha une page vierge dans son cahier, et ses doigts s’agitèrent frénétiquement, jusqu’à rendre un portrait au fusain de la demoiselle. Il n’avait pas l’habitude de dessiner du vivant, il avait après tout fait son apprentissage sur des cadavres, mais le résultat n’était pas mauvais du tout. Un petit sourire satisfait illumina son visage, et il continua à regarder la demoiselle évoluer dans le musée.
 
Il finit par déchirer la page, et se releva, s’approchant de la jeune femme. « Mademoiselle, vous êtes l’incarnation même de la délicatesse. », dit-il en lui tendant le croquis avec un sourire charmeur. Il s’inclina ensuite dans une marque de respect et se présenta. « Cecil Pettyjohn, baron d’Aberdale. Puis-je avoir l’honneur de connaître votre nom ? »
 
Il espérait sincèrement que la demoiselle fut assez jeune pour ne pas connaître le baron d’Aberdale. Il aurait fallu qu’elle soit de la famille pour savoir qui il était, après tout. Il ne craignait rien en entamant la discussion. Enfin, il l’espérait sincèrement. 

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