Après cette longue intersaison, voilà qu’il était temps de retrouver famille et amis. Achille en était ravi. Au moins, cela lui permettrait de se divertir. Mais aujourd’hui, il se devait d’aller présenter ses hommages à ses cousines. Surtout celle qui allait faire sa première saison, la jeune Jane. 

-Votre voiture est prête, milord.

-Merci Phillip. 

-N’oubliez pas les fleurs. 

-Oh ne t’en fais pas, je n’ai rien oublié sauf ta présence dans ce carrosse.

-Plait-il?


-Va t’installer à coté de Cassandre. C’est un ordre.


Le majordome fit la moue, mais suivit le duc dans sa voiture et s’installa aux cotés de la jeune fille qui était tout impatiente de revoir ses proches. En tout cas plus que son frère.

-J’espère que vous vous tiendrez.


-Oui père, répondirent les deux enfants en choeur


Arrivés devant la demeure des Smith-Stanley, c’est bien rapidement qu’on les fit entrer et rejoindre leurs hôtes dans le salon principal.

-Mes chères cousines, c’est une joie de vous revoir. Lady Jane,  vous êtes encore plus belle que dans mes souvenirs. Est-ce votre toilette ou votre joli sourire qui fait de vous le futur diamant de la saison?.

Nous étions arrivés il y a peu à Londres et avions pris tranquillement le temps de nous installer. Il faut dire qu'excepté mon frère qui avait dû se rendre à Londres régulièrement pour gérer ses affaires, nous nous étions grandement occupées de Chatsworth avec ma mère et en avons fait le domaine agréable et familial qu'il est aujourd'hui.

Acheté il y a 6 ans par mon père dans la perspective d'en faire cadeau à sa future nouvelle épouse, il était plein d'exubérances de sorte que, si le rendu avait pour but d'impressionner par sa grandeur et sa richesse, il en était également parfaitement ridicule. Ainsi, les diverses statues à l'effigie de la maîtresse de mon père furent déboulonnées et remplacées par diverses sculptures plus traditionnelles représentant majoritairement des scènes de la mythologie grecque ou romaine. Comme une sorte de revanche familiale sur l'attitude du paternel, nous avions finalement pris possession des lieux et y avons vécus en quelque sorte ostracisés. De sorte que l'annonce de notre arrivée à Londres fut reçue avec la plus grande curiosité.

Durant ces 5 dernières années nous nous étions donc isolés pour retrouver un environnement familial normal et fixe, au contraire de ce que nous avions dû tous vivre du vivant du duc de Derby. De temps à autres, des membres de notre famille venaient nous rendre visite mais nous sommes restés particulièrement discrets depuis la mort de mon père. Nous souhaitions à la fois nous faire oublier mais surtout prendre le temps pour chacun de se reconstruire.

Ainsi, notre départ pour Londres fut chez nous un petit évènement. J'avais hâte de découvrir de nouveaux horizons et en même temps la perspective d'être mise en lumière, confrontée au regard des autres me terrifiait. Dans l'immédiat, j'étais tout à la découverte de Londres et de ses réjouissances. Cela me permettait de grandement me changer les idées.

J'accueillis alors la visite de notre cousin Achille avec plaisir. Lui aussi n'avait pas vécu une période facile puisque son épouse et mère de ses deux enfants les avait quittés. Toutefois se retrouver était toujours un plaisir, une bouffée d'air. J'espérais que ce sentiment était partagé. En tout cas, il n'hésitait pas à nous rendre visite rapidement après notre arrivée, ce qui me laissait présager que notre compagnie était appréciée.

Son arrivée fut sitôt annoncée qu'il entrait dans le grand salon où nous nous trouvions. Tout le monde se leva à leur entrée et immédiatement, mon cousin se dirigea vers moi, me complimentant.

- Mes chères cousines, c’est une joie de vous revoir. Lady Jane,  vous êtes encore plus belle que dans mes souvenirs. Est-ce votre toilette ou votre joli sourire qui fait de vous le futur diamant de la saison?

Le rose me monta rapidement aux joues mais mon sourire ne quitta pas mon visage. J'étais heureuse de les retrouver.

- Je vous remercie pour vos bons compliments mon cousin. Avez-vous fait bon voyage ?

Ma mère sourit en entendant ma réponse et vint à nous, posant avec légèreté ses mains autour de mes épaules.

- Ne la taquinez pas trop Achille, notre petite Jane est en vérité totalement terrifiée à l'idée de rencontrer notre souveraine et de faire ses débuts.

Si j'avais voulu garder mes états d'âme pour moi-même, c'était loupé. Je ne devais absolument pas compter sur ma charmante mère pour garder des secrets visiblement mais si je fis mine de m'en offusquer, il n'en était rien en réalité. En soit j'étais heureuse qu'elle en parle. Sans doute notre cousin aurait quelques précieux conseils à me donner.